Vous avez peut-être déjà vécu la désagréable et douloureuse expérience de vous faire griffer ou mordre par un chat. Bien que plus rare que la griffure, c’est la morsure du chat qui nous intéresse aujourd’hui. En effet, les morsures de chat ne semblent pas, la plupart du temps, très graves à première vue (contrairement aux morsures de chien souvent destructrices). Cependant, elles peuvent entraîner de nombreuses complications, infectieuses notamment. Il est donc important de connaître les bons réflexes à avoir en cas de morsure, que celle-ci vienne d’un chat inconnu ou de votre propre animal. Il faut aussi être capable d’identifier le niveau de gravité de la plaie afin de consulter un médecin si ce n’est d’aller aux urgences en cas de nécessité.
Morsure de chat : les chiffres
D’après l’Assurance Maladie, il y aurait en France plusieurs centaines de milliers de morsures par an : les chiens sont le plus souvent les coupables, ensuite viennent les chats puis les autres animaux, principalement des rongeurs (rats, écureuils, hamsters) et des lagomorphes (lapins).
Les morsures de chien concernent le plus souvent les enfants, qui présentent un risque de blessure à la tête ou au cou plus important. Les morsures de chat quant à elles, affectent principalement les femmes et sont majoritairement localisées au niveau des mains et des bras.
Morsure de chat, quels sont les risques ?
La plaie consécutive à une morsure de chat peut sembler très superficielle : cela prend généralement l’aspect d’une perforation de la peau - d’un diamètre faible en raison de la petite taille des dents du chat - et peut s’accompagner d’un léger saignement. Bien que la plaie ait simplement la forme de petits points, les dents de nos félins de compagnie sont très acérées. Ainsi, elles causent en réalité des lésions souvent profondes des tissus, y compris des muscles, vaisseaux sanguins, tendons et nerfs, surtout dans les zones sensibles comme les articulations.
De plus, la bouche et la salive du chat comptent de nombreuses bactéries ou virus qui peuvent être pathogènes. Ceci étant, la morsure est équivalente à une injection de micro-organismes pathogènes en profondeur, augmentant le risque d’infection, d’abcès, de septicémie (empoisonnement du sang) mais aussi d’autres pathologies telles que :
- La bartonellose ou maladie des griffes du chat : cette maladie causée par une bactérie pathogène, Bartonella henselae, est commune aux animaux, notamment aux chats, et à l’homme. Environ 10% des cas de bartonellose humaine sont causés par une morsure.
- La rage : en France, c’est une maladie éradiquée. Cependant, si le chat est entré illégalement sur le territoire français ou a voyagé dans d’autres pays sans être vacciné contre la rage, il peut être contaminé par cette maladie virale qui atteint l’encéphale et ainsi la transmettre par morsure.
- Le tétanos : si vous avez été vacciné contre le tétanos, vous êtes protégé contre cette maladie due à la toxine sécrétée par la bactérie Clostridium tetani.
Morsure de chat : les bons réflexes à avoir
Comme nous l’avons évoqué, la morsure du chat peut être à l'origine de l'introduction profonde de micro-organismes, augmentant ainsi les risques d'infection. Afin de prévenir cette dernière, voici les réflexes à avoir :
- Avant de vous occuper de votre blessure, commencez par vous laver les mains soigneusement.
- En cas de saignement important, appliquez une pression sur la plaie à l’aide d’une compresse stérile afin d’arrêter le saignement.
- Lavez ensuite (ou directement si le saignement est faible) la plaie à l’eau et au savon pendant cinq minutes.
- Enlevez les corps étrangers qui auraient pu s’infiltrer dans la plaie : cheveux, poils...
- Désinfectez la plaie à l’aide de produits comme de l’alcool pharmaceutique ou de la Bétadine® (disponibles en pharmacie).
- Mettez un pansement stérile et vérifiez la plaie régulièrement afin de vous assurer de l’absence de signes d’infection.
Comment reconnaître une morsure grave ?
Parmi les complications que peuvent entraîner une morsure de chat, on compte de nombreux symptômes qui peuvent d’ailleurs aussi signaler la présence d’une infection :
- Inflammation, gonflement local
- Douleur locale
- Symptômes grippaux
- Production de pus
- Fièvre
- Maux de tête
- Fatigue
- Sensation de chaleur au niveau de la plaie
- Perte de sensation ou de mobilité de la zone concernée
- Ganglions lymphatiques enflés
Pour une morsure de chat, ces symptômes d’infection apparaissent moins de 24h après la morsure.
Un saignement abondant qui ne s’arrête pas avec la compression montre que la morsure est grave. En outre, si la morsure se situe dans une zone sensible comme la tête, le cou, les mains, les articulations, les pieds ou les organes génitaux, elle est d’autant plus alarmante.
Comment examiner la plaie ?
Il est primordial d’examiner la plaie au cours des jours qui suivent la morsure.
Pour l’examiner, enlevez le pansement puis vérifiez l’état de la plaie. Elle devrait rapidement commencer à cicatriser si tout va bien (comptez 24 heures environ). Cependant, la présence de pus, de rougeur, de gonflement ou de douleur persistante peut être le signe d’une infection ; il est alors fortement recommandé de consulter un médecin.
Quand est-ce qu’une consultation médicale est nécessaire ?
Dans certains cas, consulter un professionnel de santé est essentiel, par exemple si la personne mordue n’est pas à jour dans ses vaccins antitétaniques. Cela permet de recevoir une injection d’immunoglobulines tétaniques en urgence puis un vaccin.
Le médecin pourra vous proposer un traitement antibiotique adapté (après avoir identifié la bactérie responsable de l’infection grâce à différents tests en laboratoire) mais aussi vous orienter vers un centre antirabique en cas de besoin (au moindre doute quant à l’absence de rage). Vous pourrez y recevoir un traitement sans lequel, en cas de rage, le décès est assuré. Une fois la rage déclarée, il n’existe à ce jour encore aucun traitement qui permette de sauver le patient : ainsi sans prise en charge le décès du patient est inévitable.
Quand faut-il aller aux urgences suite à une morsure de chat ?
Si la morsure se situe dans les zones sensibles déjà citées (visage, cou, mains, pieds, organes génitaux, articulations) ou que le saignement est abondant et ne s’arrête pas même à l’aide de la compression, il faut absolument se rendre aux urgences ou appeler les secours. En effet, certaines morsures peuvent nécessiter une intervention rapide (médicale ou chirurgicale notamment). Sur le trajet vers l’hôpital, il faut continuer à comprimer la plaie de manière à limiter le saignement. Pour limiter l’hémorragie, il est également conseillé de surélever la zone mordue par le chat.
Prévention : comment éviter les complications liées à une morsure de chat ?
Pour éviter les complications liées à une morsure de chat, il faut simplement respecter les recommandations : bien laver au savon et suffisamment longtemps, désinfecter régulièrement et consulter votre médecin traitant si ce n’est aller aux urgences en cas de nécessité. La voie permettant d’éviter les complications les plus graves reste la vaccination (antirabique et antitétanique).
Morsure de chat, que faire avec l’animal ?
En France métropolitaine, il y a trois cas de figure possibles.
- Le chat est connu :
Son statut vaccinal contre la rage est connu. Même s’il est vacciné, il doit être mis sous surveillance pendant 15 jours : son propriétaire doit le présenter trois fois au même vétérinaire sanitaire sur cette période (maximum un jour après la morsure, puis après sept jours et enfin quinze jours après la morsure). Le vétérinaire remet à chaque visite un certificat justifiant l’exclusion de suspicion de rage. Si au contraire il y a des soupçons de rage, la vaccination antirabique est réalisée chez la personne mordue.
- Le chat est inconnu :
Si le chat est sauvage ou errant, il y a un risque de rage. Le médecin adresse la personne mordue à un centre antirabique qui décidera de l’attitude à adopter en fonction des risques de contamination.
- Le chat est mort :
Lors de l’autopsie, sa tête sera examinée afin de vérifier qu’il n’est pas porteur du virus de la rage. En attendant les résultats, le processus de vaccination contre la rage débute (il sera interrompu si la suspicion est écartée).
Comment éviter les morsures de chat ?
Un chat ne mord généralement pas sans raison (en dehors des chats atteints de la rage notamment) ni signes avant-coureurs. Pour cette raison, la prévention est ce qui va vous permettre d’éviter les morsures de chat (et d’autres animaux). Les félins peuvent faire preuve d’agressivité lors de situations de stress ou de peur ou d’autres raisons comportementales (cf le syndrome du tigre).
Ainsi, il est important de prendre des mesures appropriées à commencer par enseigner aux enfants qu’on ne caresse pas un animal qu’on ne connaît pas, même s’il semble amical. De plus, il ne faut jamais laisser un enfant seul avec un animal. Il est également important de ne jamais forcer le contact avec un animal, qui prendrait cela comme une agression.
Il ne faut en outre pas jouer de manière trop agressive avec un chat et particulièrement s’il a été séparé trop tôt de sa mère. Enfin, si deux chats se battent, intervenir physiquement est proscrit – au risque d'être griffé ou mordu.
Les signes avant-coureurs annonçant la possible agression doivent pouvoir être identifiés : oreilles plaquées en arrière, poils hérissés, queue fouettant rapidement, grondements ou grognements, yeux dilatés... Remarquer ces signes vous permettra de mettre fin à l’interaction avec l’animal avant l’agression.
Qu’en est-il d’un chat victime d’une morsure de chat ?
Une morsure de chat à chat peut aussi être à l’origine d’abcès ou transmettre des maladies. C’est pourquoi il est nécessaire de nettoyer et désinfecter les plaies de votre animal, ainsi que de consulter rapidement un vétérinaire si vous avez assisté à une bagarre sanglante ou que votre animal présente des signes d’infection (fièvre, abattement, pus…). Vous pouvez aussi profiter d’un instant câlin pour inspecter son corps à la recherche de potentielles blessures, en particulier si votre chat sort beaucoup.
Les morsures de nos matous sont moins impressionnantes que celles de nos chiens, mais tout aussi dangereuses. Heureusement, il est possible de les éviter mais aussi de grandement réduire le danger infectieux et pathologique qu’elles causent avec les bons réflexes.