La Spirocercose est une maladie touchant les chiens, présente essentiellement en zone tropicale et subtropicale, et notamment dans les DOM TOM tels que la Guyane et l’île de la Réunion. La prévalence de la maladie y est estimée à près de 60%, faisant de la spirocercose une réelle dominante pathologique dans ces pays. La maladie est rare en France, mais une connaissance de cette dernière est fortement recommandée en cas d’importation de chiens provenant des zones citées plus haut.
La Spirocercose canine : qu’est-ce que c’est ?
Comment mon chien peut-il attraper la Spirocercose ?
La Spirocercose est une maladie extrêmement grave, aboutissant dans la plupart des cas au décès du chien atteint. Elle est due à un parasite, nommé Spirocerca lupi, un ver rond mesurant de 3 à 8 cm une fois adulte. Ces derniers, pour assurer leur survie, pondent des œufs invisibles à l’œil nu, renfermant une larve qui, à terme, évoluera en un ver adulte.
Tous les chiens peuvent être touchés par la Spirocercose, aucune prédisposition de race ou de sexe n’est décrite actuellement. L’environnement et le mode de vie de l’animal semblent être plus importants puisque les chiens vivant dehors seraient plus exposés à la maladie. En outre, les jeunes chiens de 1 à 4 ans semblent les plus atteints.
La transmission de la maladie met en jeu plusieurs acteurs, dénommés hôtes intermédiaires et hôtes paraténiques. Les hôtes intermédiaires sont indispensables dans le cycle de transmission du parasite et sont des arthropodes coprophages comme les bousiers, blattes et coléoptères. Les hôtes paraténiques sont eux facultatifs et sont en général des batraciens, lézards, oiseaux, hérissons ou rongeurs. Les hôtes intermédiaires se contaminent en ingérant des matières fécales contaminées, contenant des œufs de Spirocerca lupi. Ils sont ensuite ingérés par les hôtes paraténiques, alors porteurs du parasite. Le chien peut ainsi se contaminer en ingérant un hôte paraténique ou un hôte intermédiaire.
Le chien ingère ainsi un œuf contenant une larve, qui migre dans la paroi de l’estomac, puis dans les artères gastriques aux alentours, pour ensuite atteindre l’aorte et enfin la paroi de l’œsophage. Une fois installée dans l’un de ces organes, la larve peut évoluer en ver adulte et s’enkyster, c’est-à-dire s’entourer d’une fine capsule et former des nodules au niveau de l’estomac, de l’aorte ou de l’œsophage.
Après maturation, les nodules œsophagiens s’ouvrent pour libérer des œufs qui seront excrétés avec les selles. Le cycle de contamination de la maladie est très spécifique et la transmission ne s’effectue jamais de manière directe entre deux chiens. De plus, la Spirocercose n’est pas transmissible à l’Homme.
Quels sont les symptômes de la Spirocercose ?
Un chien contaminé par la Spirocercose peut rester plusieurs semaines à plusieurs mois sans symptômes, il est alors porteur sain. L’ensemble des signes ensuite observés sont dus à la présence de nodules de Spirocerca lupi dans l’œsophage, dans l’aorte et dans l’estomac.
Les premiers symptômes à se développer sont des signes généraux tels qu’une baisse d’appétit, un amaigrissement et de l’abattement. Un peu plus tard, on peut observer de la fièvre ainsi que des muqueuses pâles, dues à l’anémie provoquée par le parasite. Des signes digestifs sont également couramment observés et comprennent des régurgitations et des vomissements ainsi qu’une gêne à la déglutition. Ces symptômes sont plus ou moins marqués selon la consistance des repas. Selon l’évolution de la maladie, des signes respiratoires peuvent également apparaître, avec notamment des difficultés respiratoires à l’effort et de la toux. Plus rarement, des signes nerveux, tels que des convulsions et une paralysie, et des boiteries peuvent apparaître.
La principale complication de cette parasitose est la cancérisation des nodules présents dans l’œsophage. En effet, après une longue évolution, il arrive que les kystes parasitaires se transforment en sarcome œsophagien, un cancer malin, très agressif.
Le diagnostic de cette maladie est souvent délicat car les symptômes sont peu spécifiques, c’est-à-dire qu’ils peuvent appartenir à de nombreuses maladies. La confirmation de la maladie nécessite le recours à des examens d’imagerie comme la radiographie ou l’endoscopie digestive, plus envahissante. Des examens sanguins et fécaux sont également nécessaires.
Comment soigner mon chien atteint de Spirocercose ?
Le traitement de la spirocercose est complexe et souvent difficile à mettre en œuvre. Les lésions œsophagiennes provoquées sont souvent irréversibles et peuvent nécessiter une intervention chirurgicale très délicate.
Le pronostic de la maladie est sombre, et l’évolution souvent fatale. La rupture de certains nodules peut aboutir à des conséquences dramatiques, comme une mort brutale lors de rupture des nodules aortiques ou une péritonite lors de rupture des nodules œsophagiens.
Comment prévenir le développement de cette maladie ?
Il n’existe à ce jour aucune mesure de prévention réellement efficace contre cette maladie. La prophylaxie est très difficile à mettre en place du fait des très nombreux hôtes pouvant transmettre la maladie ainsi que de la présence de nombreux chiens errants dans les zones contaminées.
Certaines mesures d’hygiène simples peuvent être établies, comme d’éviter de donner à manger à son chien tout ou partie d’un hôte possiblement porteur de la maladie, maitriser la population de chiens errants, ramasser et détruire régulièrement les matières fécales.
L’importation de certains chiens provenant de ces zones tropicales doit également s’effectuer avec beaucoup de précautions.
La Spirocercose est une maladie potentiellement mortelle, à l’origine de manifestations cliniques variées. Le recours à des examens complémentaires tels que l’imagerie est indispensable. Le traitement est compliqué et parfois impossible selon l’avancement de la maladie et des dégâts causés par le parasite. La prévention serait le meilleur moyen de lutter contre cette maladie mortelle mais peu d’informations sont disponibles actuellement sur ce sujet.
Florine Hache, ProVéto Junior Conseil